Dragon's Lair & Don Bluth

Alerte hors sujet

Cet article est un prétexte pour revenir sur l’oeuvre de Don Bluth, grand monsieur du film d’animation à qui l’on doit des classiques comme Fievel Et Le Nouveau Monde, Le Petit Dinosaure Et La Vallée Des Merveilles, Brisby Et Le Secret De Nimh, Anastasia ... STOP, il y en a trop!


C’est chez Disney que Don Bluth débute sa carrière d’animateur. De 1971 à 1979, il participe à des films comme Robin Des Bois, Bernard Et Bianca ou encore Peter Et Eliott. On ne va pas se mentir, les 70's marquent le début d'une longue traversée du désert pour le géant américain. Le décès de Walt Disney (1966) a laissé l'entreprise en mode "pilotage automatique" et le manque d'ambition des long métrages qui sortent durant cette période est flagrant.

Conscient des errances de son employeur, Don Bluth claque la porte et part fonder son propre studio, modestement baptisé "Don Bluth Productions". Son premier long métrage Brisby Et Le Secret De Nimh sort dans les salles en 1982 mais ne récolte alors qu’un succès mitigé, laissant l'entreprise au bord de la faillite.


Ce film, c’est pourtant un premier grand pas en direction d’un cinéma d’animation plus mature, sombre et ancré dans la réalité. Sur une histoire assez classique de famille en détresse, Don Bluth nous balance à la gueule toute la cruauté de l’être humain, questionne la société de consommation, la misère sociale (Brisby est une veuve qui se démène pour la survie de ses enfants)… Le tout avec une direction artistique quasi gothique et une bande originale terrifiante signée par Jerry Goldsmith (Alien, Gremlins...). TOTAL RESPECT à Don Bluth pour avoir vendu un truc pareil à des mômes biberonnés aux histoires de princesses et autres "ils vécurent heureux… "!


Je m'égare, mais sérieusement : REGARDEZ-LE! C'est l'un des plus beaux films d'animation des années 80, l'émotion est palpable à chaque instant et les personnages débordent d'humanité (avec ce que ça implique d'ombre et de lumière).


Pourquoi c'est culte?

C’est en 1983, dans ce contexte difficile, que Don Bluth se voit proposer le projet d’un film d’animation interactif destiné aux salles d’arcade. Réalisé avec budget réduit d’1 million de dollars, Dragon’s Lair est un petit bijou de débrouillardise : la princesse est librement inspirée de photos du magazine Playboy, les animateurs enregistrent eux-mêmes les doublages pour réduire les coûts, de nombreuses animations sont recyclées dans différentes scènes... Et le pire, c'est que ça fonctionne!


Le succès est immédiat en arcade, si bien que Dragon's Lair se retrouve rapidement décliné sur tous les supports possibles... Pour le meilleur comme pour le pire! Le jeu repose sur un simple enchaînement de séquences animées que l’on déclenche via des QTE (Quick Time Event = action contextuelle à effectuer dans un temps imparti), une astuce qui permet d’offrir un rendu visuel sans comparaison avec ce qui sortait en arcade à cette époque. L’intérêt est assez subjectif, puisqu’on agit que ponctuellement sur le déroulement de l’aventure, de quoi relancer à l’éternel débat sur les QTE… 


Jeu ou film interactif? Difficile de trancher tant le rythme est soutenu et les réflexes mis à l’épreuve, c’est punitif, cruel et souvent injuste! A l’inverse des Walking Dead, Heavy Rain et autres jeux basés sur les mêmes mécaniques, Dragon’s Lair ne donne que peu d’informations sur les boutons à presser, on meurt encore et encore jusqu’à trouver la bonne suite d’actions à effectuer (souvent au petit bonheur la chance). Le combo frustration/satisfaction fonctionne tout de même assez bien grâce à des check points réguliers, un game over ne ramène la plupart du temps que quelques secondes en arrière.



Le charme de Dragon’s Lair, c'est aussi cette ambiance délicieusement 80’s à base d’humour débile, de couleurs à faire péter la rétine et de violence gratuite. On est jamais très loin d'un Métal Hurlant qui aurait viré heroic fantasy.

Comment y jouer aujourd'hui?

La version Steam offre une remasterisation en 720p très propre avec de nombreux bonus pour 9,99€. Si le prix vous refroidit, n’hésitez pas à jeter un oeil du côté mobile (3,99€ sur Android et 5,49€ sur IOS), les deux portages proposés ne sont pas en reste avec une image décrassée et divers modes de jeu.

Potentiel de rejouabilité : 5/10

Paradoxalement, le jeu tel qu’il est vendu actuellement est presque trop facile… vies infinies et aides supplémentaires à l’écran transforment littéralement l’aventure en parcours de santé. Je vous conseille vivement de désactiver au moins la seconde option pour que la progression garde un minimum d’intérêt.

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